Les paroles de 142 chansons   ::   Brel Jacques

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1977

note: de la comédie musicale "Vilebrequin"

Mourir en rougissant

Suivant la guerre qu'il fait

Du fait des Allemands

A cause des Anglais

Mourir baiseur intègre

Entre les seins d'une grosse

Contre les os d'une maigre

Dans un cul de basse-fosse

Mourir de frissonner

Mourir de se dissoudre

De se racrapoter

Mourir de se découdre

Ou terminer sa course

La nuit de ses cent ans

Vieillard tonitruant

Soulevé pas quelques femmes

Cloué à la Grande Ourse

Cracher sa dernière dent

En chantant "Amsterdam"

Mourir, cela n'est rien

Mourir, la belle affaire!

Mais vieillir… Oh! vieillir

Mourir, mourir de rire

C'est possiblement vrai

D'ailleurs la preuve en est

Qu'ils n'osent plus trop rire

Mourir de faire le pitre

Pour dérider l' désert

Mourir face au cancer

Par arrêt de l'arbitre

Mourir sous le manteau

Tellement anonyme

Tellement incognito

Que meurt un synonyme

Ou terminer sa course

La nuit de ses cent ans

Vieillard tonitruant

Soulevé par quelques femmes

Cloué à la Grande Ourse

Cracher sa dernière dent

En chantant "Amsterdam"

Mourir, cela n'est rien

Mourir, la belle affaire!

Mais vieillir… Oh! vieillir

Mourir couvert d'honneur

Et ruisselant d'argent

Asphyxié sous les fleurs

Mourir en monument

Mourir au bout d'une blonde

Là où rien ne se passe

Où le temps nous dépasse

Où le lit tombe en tombe

Mourir insignifiant

Au fond d'une tisane

Entre un médicament

Et un fruit qui se fane

Ou terminer sa course

La nuit de ses mille ans

Vieillardtonitruant

Soulevé par quelques femmes

Cloué à la Grande Ourse

Cracher sa dernière dent

En chantant "Amsterdam"

Mourir, cela n'est rien

Mourir, la belle affaire!

Mais vieillir… Oh! vieillir



Vivre debout

Paroles et Musique: Jacques Brel 1961

Voilà que l'on se cache

Quand se lève le vent

De peur qu'il ne nous pousse

Vers des combats trop rudes

Voilà que l'on se cache

Dans chaque amour naissant

Qui nous dit après l'autre

Je suis la certitude

Voilà que l'on se cache

Que notre ombre un instant

Pour mieux fuir l'inquiétude

Soit l'ombre d'un enfant

L'ombre des habitudes

Qu'on a plantées en nous

Quand nous avions vingt ans

Serait-il impossible de vivre debout

Voilà qu'on s'agenouille

D'être à moitié tombé

Sous l'incroyable poids

De nos croix illusoires

Voilà qu'on s'agenouille

Et déjà retombé

Pour avoir été grand

L'espace d'un miroir

Voilà qu'on s'agenouille

Alors que notre espoir

Se réduit à prier

Alors qu'il est trop tard

Qu'on ne peut plus gagner

A tous ces rendez-vous

Que nous avons manqués

Serait-il impossible de vivre debout

Voilà que l'on se couche

Pour la moindre amourette

Pour la moindre fleurette

A qui l'on dit toujours

Voilà que l'on se couche

Pour mieux perdre la tête

Pour mieux brûler l'ennui

A des reflets d'amour

Voilà que l'on se couche

De l'envie qui s'arrête

De prolonger le jour

Pour mieux faire notre cour

A la mort qui s'apprête

Pour être jusqu'au bout

Notre propre défaite

Serait-il impossible de vivre debout



Voici

Paroles: Jacques Brel.

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